• Montparnasse Blues - Gilles Servat (1972)

    La pluie sur Montparnasse
    Où j'irai tout à l'heure
    Mouille les voyageurs
    Devant les trains qui passent
    Dans ma liberté ivre
    Des images s'avortent
    Un train me les apporte
    Et la pluie me les livre
    Tantôt de velours gris
    Et tantôt d'émeri
    Pour caresser mes yeux
    Ou m'écorcher les seins
    Pour caresser mes yeux
    Ou m'écorcher les seins

    Sans femme et sans mari
    Quand je marche dans l'eau
    Qui tourbillonne aux plis
    Des pierres des caniveaux
    Du brouillard de la nuit
    Surgissent des images
    Du passé enfui
    Vers de louches rivages
    Que je tisse au hasard
    Pour y glisser les spectres
    Jaillis des nénuphars
    De mes rivières suspectes
    Jaillis des nénuphars
    De mes rivières suspectes

    Toute joie est absente
    Quand je repeins ma vie
    C'est la tristesse lente
    Qui se lève et m'emplit
    Et je l'aime comme
    On aimerait son enfant
    En le berçant longtemps
    Dans le chant des chansons
    Pour que ses larmes cessent
    Et s'endorme tranquille
    Dans les bras des promesses
    Que l'avenir profile
    Dans les bourgeons des branches
    Et les ovaires des hanches

    Le long des quais mouillés
    De la gare Montparnasse
    Dans les reflets brouillés
    Que la bruine ressasse
    J'imagine des voix
    Qui naguère se turent
    C'est ta bouche parfois
    Qui me touche et murmure
    Comme un frou-frou lointain
    Le battement d'une aile
    L'amour dans un parfum
    Et tes mots qui m'appellent
    L'amour dans un parfum
    Et tes mots qui m'appellent


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