• Au squat-cantine des Pyrénées, menu à 5 euros et police au dessert

    Parfois, c’est l’actualité qui vient à Rue89, et pas l’inverse. En 2009, la pépinière d’entreprises où nous étions installés rue des Haies, dans le bas du XXe arrondissement de Paris, avait été occupée par les mal-logés en colère.

    Voilà La Cantine des Pyrénées, un squat organisé en « cantoche qui veut changer le monde » comme l’écrit Guillemette Faure dans Le Monde magazine, prise pour cible d’un impressionnant dispositif policier.

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    Intervention policière à La Cantine des Pyrénées, dans le XXe arrondissement de Paris, 19 mars 2013

    Cela se passe toujours sous nos fenêtres, mais cette fois rue des Pyrénées, où la rédaction a déménagé en mars 2010. Même arrondissement, autre quartier populaire du nord-est parisien.

    Monroe et Chaplin, reliques du Bar des amis

    Le principe du lieu est simple : le plat est à 3 euros, le menu complet à 5 euros et « le reste est gratuit » : les cours de français, le ciné-club, les ateliers d’écriture… On y croise donc une population variée, du clochard au retraité, en passant par le journaliste ou le retoucheur.

    Du Bar des amis, le commerce auquel le squat a succédé après plusieurs mois de vacance, sont restés les photos de Marilyn Monroe et de Charlie Chaplin accrochés aux murs vieux rose.

    Les chaises ont été remplacées par des bancs, et de grandes nappes en toile cirée sont venues recouvrir les grandes tables. Chacun prend son assiette sur la pile, ses couverts sur la table, coupe son pain et remplit son auge à la marmite.

    Le (maigre) stock d’alcool photographié

    Mardi, il est un peu plus de midi quand deux douzaines de fonctionnaires – des policiers en uniforme et en civil, des agents de l’Urssaf et d’autres des Douanes – débarquent sous nos fenêtres.

    Le commissaire du XXe arrondissement semble diriger l’opération, dont l’objectif n’est pas très clair. Il m’indique d’emblée qu’il ne communiquera aucune information « ni maintenant, ni plus tard ».

    Après avoir photographié le stock d’alcool (une vieille bouteille de rhum vide et trois cubis à moitié pleins) et contrôlé les papiers d’identité, ils embarquent trois membres de l’association au commissariat.

    « Ils cherchent un moyen de nous faire chier »

    Une heure plus tard, de retour de l’interrogatoire, les membres de La Cantine me livreront leur récit. Blasés, les jeunes gens ont « fait les têtes de mule » face aux fonctionnaires :

    « Ils cherchaient des travailleurs clandestins, mais tout le monde est bénévole.

    Ils pensaient trouver des stocks de boisson, et ils ont été déçus.

    Ils voulaient savoir combien coûtaient les repas, si on vendait des boissons, où on se fournissait…

    Ça n’avait rien à voir avec le bail, ils savent qu’on est un squat [La Société civile immobilière propriétaire du fonds de commerce a lancé le 10 janvier la procédure en vue de l’expulsion, et une audience a été fixée au 24 mai devant le tribunal de grande instance], mais ils cherchent un moyen de nous faire chier. »

    Des coups de marteau sur la vitrine

    La Cantine des Pyrénées est née un jour de fin décembre, après une courtoise visite au même commissariat du XXe. « On est venus dire : “Bonjour, on est là depuis plus de quarante-huit heures” » [Lorsque des squatteurs investissent un lieu, la police peut les expulser sans délai dans les 48 premières heures. Au-delà, il faut que le propriétaire lance une procédure judiciaire.], raconte un des membres de l’association Kulture Zéphémère.

    Les tenanciers du Bar des amis avaient été expulsés voilà plusieurs mois, et une trentaine de jeunes militants du quartier avaient décidé d’ouvrir une cantine. Ils avaient noué des liens autour du squat du 260, rue des Pyrénées ou sur Indymedia Paris, site communautaire de convergence entre les luttes sociales.

    En choisissant de squatter illégalement un local commercial, ils savaient que leur lieu serait condamné à une existence brève. Mais grâce aux lourdeurs de la justice, ils espèrent durer au-delà de la trêve hivernale, qui prend fin le 1er avril.

    En trois mois, ils ont déjà eu la visite : des policiers du quartier, venus constater l’occupation du lieu ; du propriétaire, ou plutôt de son homme de main qui, armé d’un marteau a tenté début janvier de défoncer la vitrine, debout sur une échelle – alertée par les squatteurs, la police l’a convaincu d’arrêter et l’épisode s’est terminé par une simple main courante ; des services de l’hygiène, qui ont vérifié l’installation et n’ont rien eu à redire.

    Ne manquait plus que l’Urssaf, donc. Les agents de contrôle agissaient sur réquisition du procureur, probablement averti par la mairie, des voisins ou la police.

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    Le squat-resto La Cantine des Pyrénées

    Tombés d’accord sur un seul court texte

    « Je ne me fais aucune illusion sur cette police qui est là pour défendre l’ordre établi par la “bourgeoisie”… enfin, je ne sais pas quel autre mot employer », lâche l’un des responsables, dans une éprouvante tentative d’autodéfinition.

    Le seul texte sur lequel ils ont réussi à se mettre d’accord est ce court document de présentation signé de « chômeurs, travailleurs, précaires, sans-papiers, habitants du quartier ou pas ».

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    Ils y estiment qu’« à plusieurs, on est plus forts pour affronter nos galères, nos problèmes d’argent et nos difficultés face aux institutions et aux patrons ».

    Internet et la presse ne sont pas les bienvenus. Ici on lit « Paris20, Infos et lutte de classe », et on peut consulter le livret de la Caisse d’autodéfense juridique collective à Paris, où on apprend comment s’organiser face à la répression policière.

    « Il en faudrait un dans chaque quartier »

    Mettre une étiquette sur La Cantine est la dernière des choses à faire. Seule certitude, celle d’innover : selon ses initiateurs, c’est le premier squat-resto de Paris, et ce n’est pas rien.

    Quand l’un commence à revendiquer une filiation « avec des initiatives qu’on a vues en Argentine ou en Grèce », l’autre le renie estimant qu’il n’y a « aucun corpus idéologique commun, seulement la rencontre d’initiatives concrètes ». Puis, cet avertissement :

    « Attention à ne pas dire “vous” : l’idée d’un groupe à l’identité définie est un fantasme. Moi, je viens cuisiner ici le jeudi et je ne suis pas sûre de partager beaucoup plus que La Cantine. »

    Chez les clients, le sentiment d’appartenance à une expérience collective particulière s’enracine doucement. Beaucoup prennent des nouvelles de la procédure judiciaire en cours. « On sera encore là en juin », le rassure un membre.

    « Il en faudrait un dans chaque quartier », dit un habitué. S’attabler tout seul ici lui permet de discuter plus facilement avec des voisins qui n’étaient jusque-là que des visages. « Ce n’est pas un lieu de rencontres mais un lieu où l’on fait des rencontres »…

    Leur presse (Sophie Caillat, Rue89, 21 mars 2013)


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  • Le 17 mars est la Saint Patrick, fête nationale dans le Free State, occasion d’une parade à Dublin, dans le genre corso fleuri. Les syndicats légalistes avaient projeté de faire leur propre char pour commémorer le centenaire de la grande grève de 1913, mais ceci a été refusé par le comité d’organisation. Ici un résumé et un commentaire de l’affaire par une bloggeuse républicaine.

    1. Résumé de l’affaire

    Hier, le journal Sunday Times a rapporté le fait que les deux propositions de cars décorés par les syndicats pour la parade de la Saint Patrick, qui cherchaient à honorer la grève de 1913, avaient été refusées par la commission officielle, sous le prétexte qu’aucune des deux ne correspondaient au thème du carnaval. Cette décision a été interprétée comme étant de la « censure culturelle ». Une de ces proposition était un char orné d’une bâche géante, grande comme deux autocars, frappée à l’effigie d’une immense caisse enregistreuse de supermarché et légendée poème September 1913 de WB Yeats. La seconde proposition étant de célébrer la vie de James Larkin.

    Le thème générique de la parade était : « De grandes choses ont lieu si l’on se rassemble ». Voici un extrait de l’article du Sunday Times (dans la partie de l’article qui est payante) : « La direction du Festival Saint Patrick a affirmé : « La proposition n’a pas pu passer le premier examen, puisqu’elle ne correspondait pas au thème du festival. Ce premier examen juge la perspective artistique. Nous leur avons fait part de notre avis sur la direction artistique de leur projet et les avons in

    vités à faire une nouvelle proposition qui remplirait un peu mieux les critères, ce qu’ils n’ont pas fait ». De son côté, Padraig Yeates, cadre du syndicat SITPU a dit : « La parade passe devant la statue de Jim Larkin tous les ans et ils osent dire que Larkin et d’autres syndicalistes ne méritent pas de voir leurs noms honorés dans cette parade. Ce qui est intéressant de remarquer, c’est que les officiels de la commission ne nous ont pas allumés sur la qualité esthétique ou sur le design, mais nous ont carrément dit : « non merci, les syndicats et les ouvriers ne font pas partie de notre programme », ce qui en dit long sur cette parade.

    Source : ici

    2. Commentaire par le blog 1169 and Counting

    Le comité d’organisation responsable de la parade de la Saint Patrick du week end-dernier a empêché les syndicalistes de faire leur char décoré commémorant le centenaire de la grève de 1913. Cela a été (justement) décrit comme un acte de censure culturelle. La raison donnée par cette coterie politicienne en costards-cravates qui dirige la parade était que « le char ne correspondait pas au thème du festival ».

    Ce festival est un événement sponsorisé par la classe politique qui cherche à faire revenir au pays, le temps d’une visite, ceux qui ont été forcés de partir loin d’ici pour des raisons économiques, pour les taxer lourdement. D’un autre côté, le fait que la parade de la Saint Patrick ait banni la représentation de la grève de 1913 est un signal utile qui montre que ce qui a rendu possible ce festival nommé « le rassemblement », c’est la cupidité, qui règne à l’échelle économique et politique et qui frappe la classe ouvrière dans cet Etat. Si ceux qui ont émigré n’avaient pas été forcés de le faire, il n’y aurait pas de finance émigrée à « rapatrier ». Cependant, l’ironie du bannissement du char syndical fait sourire les républicains : le syndicat SITPU fait partie des dindons de la face, lui qui normalement travaille cul-et-chemise avec le genre de comité o

    fficiel rétribué par Leinster House [le parlement de Dublin] qui vient de jeter à la poubelle sa proposition.

    Il serait plaisant de penser que cette « interdiction de char » permette de réveiller les gens du SITPU, et qu’ils prennent conscience de la nature de ces gens qu’ils considèrent comme étant « de leur côté », mais une telle chose n’arrivera pas. Les deux ensembles considéreront cet accroc comme un nid de poule sur leur route, un différend qui sera aplani par leurs représentants autour de quelques apéritifs payés par le contribuable.

    Source : ici


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  • Adsav-PPB, Jeune Bretagne et Génération Identitaire - Fusions, arnaques et traîtrises à la chaîne, éléments de réflexion sur l’extrême droite en Bretagne

    Adsav-PPB, Jeune Bretagne et Génération Identitaire - Fusions, arnaques et traîtrises à la chaîne, éléments de réflexion sur l’extrême droite en Bretagne

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    Adsav-PPB, Jeune Bretagne
    et Génération Identitaire

    Fusions, arnaques
    et traîtrises à la chaîne :

    éléments de réflexion sur
    l’extrême droite en Bretagne

    Un dossier de 43 pages pour faire le point sur la mouvance identitaire en Bretagne, entre le printemps 2012 et début 2013.

    Focalisé sur les trois organisations concernées, le dossier revient sur les tentatives d’union et les scissions qui ont émaillées l’année écoulée, et sur les inflexions que cela entraînera sur leur politique courant 2013.


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